La passion des fils
Université Paul-Valéry, Montpellier 3, Site Saint-Charles,
le mardi de 18h15 à 20h30, à partir du 6 octobre 2015
Sur la scène contemporaine, dans le contexte qui est le nôtre, ne se joue-t-il pas une passion des fils ? C’est cette question que nous aborderons dans le séminaire en relisant d’abord le grand mythe freudien de Totem et tabou qui pose, comme on sait, la thèse du meurtre du père à l’origine de l’humanité et de la culture. Nous mettrons ce récit en tension avec le meurtre du fils (ou plutôt la ligature du fils) dans le grand mythe biblique du sacrifice d’Isaac, la lecture qu’en propose Kierkegaard dans Crainte et tremblement, celle de Lacan dans Les Noms-du-Père et celle de Derrida dans « Donner la mort ». A l’articulation du sacrifice et de la dette, on montrera alors comment opère aujourd’hui ce désir obscur qui veut que « fils » ne soit le nom d’aucune promesse, mais seulement la perpétuation de ce qu’il y a, une assignation au destin, et la résignation aux jouissances proposées par un monde marchand. En contre-point, on évoquera le sens à donner à cette phrase de Lévinas lorsqu’il dit que « considérer autrui comme son fils, c’est établir une relation avec lui “au-delà du possible” ». Qu’un fils advienne comme un « au-delà du possible », un impossible, et un impensable, est ce qu’il faut essayer de déployer, si l’on tient qu’un sujet est toujours nommé en vérité au point où il est soustrait au savoir de l’Autre.